Je rêve un soir de charme grave. Les vallons
Seraient bleus sous le noir-violet des collines ;
Des ramiers reviendraient vers les sourdes glycines
Bourdonneuses au vol doré des lourds frelons.
Nous aurions rencontré pleurant des enfants blonds
Egarés dans le calme odorant des ravines ;
Et la nuit monterait anxieuse et divine,
Ses pieds d'argent noyés dans l'ombre des sillons.
Avec comme un parfum triste de fleurs fanées,
Les vents tièdes fuiraient en laissant des traînées
D'airs de flûtes errer aux franges des roseaux,
Et vers les joncs obscurs où la lune se lève,
Nos âmes descendraient le silence des eaux,
En souriant, comme deux soeurs, au même rêve.
(1901)
Poème publié et mis à jour le: 14 February 2023