De l'ombre, ici, on regarde,
Entre les feuilles extrêmes et la haie,
La longue plaine que garde
L'arroi pâle des peupliers.
Là-bas, où le fleuve s'attarde
Aux méandres familiers.
Nul ne peine plus au damier
Des champs verts ou roses ou d'or ;
L'ombre naine des pommiers
Se love dans l'herbe qui dort ;
Seul, un chêne roidit son cimier
Sur la gloire de
Messidor ;
La solitude embrasée
Enveloppe d'un voile vermeil
La plaine pâmée et lassée,
Et l'homme, endormi sous la treille.
Ecoute, en rêvant, le baiser
De la
Terre et du
Soleil...
Le mystère s'illumine
Des lentes choses éternelles,
Le rêve à la
Vie confine,
Les âmes et les fleurs se mêlent
Et le sang joyeux devine
Pourquoi les heures sont belles ;
Il court et tourbillonne
Du cœur aux tempes, et revient.
Chante, alerte et monotone,
La berceuse des temps anciens :
Que la
Vie est sainte et bonne.
Que tout est juste et tout est bien... ;
Sur nous, de la voûte des feuilles,
Goutte, à travers les arceaux.
Une clarté humide, où tu cueilles
Des verts rayons couleurs d'eau,
Elle arrive la mousse étouffée,
Et les brises, par brusques bouffées,
Y volent comme des oiseaux ;
Qu'est-il ? pour que rien ne chante :
La calme forêt écoute ;
Son haleine lente évente
L'herbe rêche aux bords de la route ;
Le sommeil des choses lentes.
Le regard de voile de doute ;
On sourit à la beauté
Du grand songe ébloui,
Et on entre dans la clarté
Comme on entre dans la nuit...
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012