Dans le quartier solitaire qu'on traverse en hâte des volets qui se ferment sur des rires d'enfants sur des voix très douces très proches
La tête d'une femme dans le bocal des vitres aucun mouvement ne donne le sens de sa vie
La dernière étoile tombe de la fenêtre comme une larme d'un œil clos
Un enfant lance du papier au ciel crie dans le silence qui se fend
Une fumée lace le ciel au toit
le vent est si las
qu'il se pose sur la main
un baiser tombe de très haut
décroche des feuilles dans les arbres
une lampe s'éteint sans cri
au tournant de la nuit
Les paysages circulaires le ciel sans accrocs
dans les casernes la voix la plus calme sans écho
La terre n'a pas le vertige dans l'espace sans rampe
le regard s'épuise à ne rien voir
par-dessus les toits de l'horizon
L'homme ouvre des yeux qui veulent voir la mer
quelques cloches de soleil dans ses poches
quelques aubes dans son cœur
qui partent sans lever de jour
L'homme se referme entrebâillé de souvenirs
des aigreurs montent de la mémoire
croulent dans les aurores fardées
J'entends le battement des siècles
sourdre du fond de ma naissance
Où demeurent les nuits sucrées du printemps
les gens sur leur lit ont des lèvres de cendre
L'horizon se hausse jusqu'à en perdre le souffle
ne reconnaît qu'un autre horizon
l'espace son grand œil clignotant de jours et de nuits
Les vies s'en vont comme les nuages du mauvais temps
scellées par le mensonge ou le silence
alourdies de fantômes sans chaleur
Les cœurs limités comme des étangs
L'éternité est-elle si lourde entre les étoiles
La pensée a beau faire tache d'huile entre ses berges jaunies de soleil inutile
Les étoiles apeurées les baisers légers comme des bulles de savon
la terre balayée de grands coups d'ombre la main de soleil qui dure sur le couchant comme vous mentez dans mon sommeil déconcerté
Ta porte est ouverte entre les murs du soir
ta trappe cède sous mes pas éternels
au vent sans effort souffle ta main légère
suicide facile comme le regard de l'eau
Tout le ciel descend voir la rose de mon sang
qui monte de l'aisselle du cœur
Un peu d'écume bombe les arbres
qui entourent ma mort de leur amitié
N'appelle point ceux que tu aimes des hommes
ils haussent l'épaule comme un toit qui croule
ton plaisir creuse le mât des artères
de tes yeux lèvent déjà des feuilles de buée
Regarde penser le dernier matin de ta vie
écoute parler le dernier jour de la terre
happe au passage la dernière tige de vent
sur ton corps sans regard se hache la lumière
sous ton corps sans émoi la terre monte à coups d'épaule
Seul tu poursuis dans l'espace sans gare
les traînes de ton passé muet
pas un mort ne te voit pas un mort ne te cherche
les univers sont seuls comme une main coupée
L'éternité t'affole se gonfle autour de ta fuite
mesure d'étoile en étoile ce qui la sépare de toi
-Le soir prête sa voile au monde
pour qu'il parcoure le sommeil sans écueils
Les paroles sont plus seules
quelques -unes font pousser une larme
au creux d'une ride
d'autres plus secrètes plus proches de leur centre de gravité
ne font que deux ou trois cercles autour d'elles
L'oreille très fine de la nuit
n'entend que la flottaison des étoiles
que le bruit d'étoffe des baisers sur les cuisses cossues
sur la voilure des seins
sur le coquillage incrusté dans le golfe des ventres
et toi si près de moi que l'air s'absente entre nous
tu fais sourire le battement de tes paupières
et je me rends
aux plantes de tendresse qui lèvent de ton corps
immenses et douces comme des vallées
La lumière contourne le cahotement des pierres
sous des forêts de lune une veillée de cerfs
La vitre du couchant s'abaisse et meurt
en un murmure d'étoiles
Des cœurs battent plus fort
et dérangent leurs taupinières
Les mains se dissolvent en caresses sinueuses
Les ongles sont des miroirs à l'ombre des ventres
la chemise trop claire un buvard sur la tache des seins
Des têtes coupées par la nuit
se hissent derrière des yeux de toutes les grandeurs
un soupir se balance dans une gorge
Un bras levé signale la présence
de quelque drame ignoré des toits
C'est l'agonie de quelqu'un qui prépare son cœur
pour une amante qu'il n'a pas encore vue
Un visage défait regarde dans chaque maison
scrutant dans l'invisible les formes du mal
L'hélice du suicide tourne
silencieuse en haut de l'escalier
Des jambes lourdes passent des ponts fragiles
où l'eau s'arrête de courir pour mieux entendre
l'envahissement des saules par les nœuds coulants du soir
Le jour la lame ouverte sur la ville
les femmes comètes avec une queue de parfums
des jambes tissées de bas
plus familiers à la caresse des doigts que la peau
les femmes suiveuses d'un fantôme
qui marche devant elles à deux mètres du sol
les femmes instables comme les hauts trèfles des champs
les vitrines fixent de leurs grands regards
les passants qui s'attardent les nuques beurrées
Parfois des pierres de la rue se haussent
pour mieux voir les dessous des femmes
Les belles dactylos cinglent les trottoirs
de leurs jambes hautes et drues comme la betterave blanche
Les putains montent la garde
dans leur toile d'araignée
Dans les gares les balles du vent sifflent
des trains nostalgiques s'arrêtent à regret
un panache de rumeur sur la tête
et toute la campagne restée dans leurs vitres
Le soleil est plié sur les toits
certains murs ne connaissent du jour
que les reflets que leur renvoient les carreaux incendiés
bous l'été il y a des villages qui sont comme des étangs
leurs ailes touchent la terre comme celles des oiseaux morts
les sirènes se plaignent dans les artères profondes
les herbes ont des têtes pesantes
privées des caresses d'abeille
Les yeux se ferment écluses de lumière
le soleil l'épaule contre les portes
personne n'ouvrira
le soleil met dans la serrure une clef qui tombe
Après-midi posées sur la poussière des routes comme un camion qui n'avance pas aucune fleur n'écoute vos aveux discrets les insectes ont fini leur grand bal les feuilles ne
sont plus sensibles
Sauve qui peut
L'œil d'un pont dans un quartier mort regarde de plus loin que le monde
ViENDRA-T-Elle la porteuse de seins tranquilles
refroidir les mains où s'abrite mon front
Je compose mon cadavre à partir de l'os des tempes
Tiges coupées de l'œil clair de l'ongle
tiges calmes et crémeuses
venues de seins plus calmes d'épaules plus crémeuses
refaites vos routes sur mon corps
J'oublie que tu n'es rien qu'une feuille
qu'une position terrestre émerveillée de ma présence
ton regard se colle à mon volet d'os
et ton doigt compte le bruit de pluie du cœur
Ta vie menacée comme la mienne
par un vent contraire par une nuit sans bouée
par une décision prise à mon insu
dans le coquillage de la mort
qui dort dans l'oreiller
Paupières tapissées de cauchemars
me percerez-vous demain d'un jour pauvre
Toi pars vite tu ne me rejoindras déjà plus
je vois ta robe prise dans l'étau du vent qui t'amenait
tu seras toujours séparée de moi par des plaines de retard
tu ne coïncideras point avec ma minute éternelle
Les chemins tremblant de la senteur des trèfles s'en vont dans le soleil l'un vers l'autre échanger leurs passagers d'argile
Pas une grange ouverte
pour l'haleine d'un courant d'air
Près des buissons où les insectes font l'école
des paysans muets mangent leur soupe trop salée
d'autres dorment une demi-heure
la tête unie au levain chaud du sol
Les céréales dansent sur les sillons vermoulus
le serpent des moissons n'a plus de refuge
des voitures hautes comme des toits passent
sur des chemins connus seulement des blés
La forêt sur sa tête de terre
souveraine comme un corps sans paroles
bleue de fraîcheur de bière souterraine
Les tentes d'ombre dressées sous les arbres
n'abritent plus que des mouches de sueur
toute la clarté cassée dans les branches
Colline comme un cœur au-dessus des sources
qui se coupent l'aorte avec des cailloux
vene au village sur vos béquilles de soleil
la fenêtre n'a pas remué son aile entr'ouverte
il y a un bourdon désorienté dans le rideau
la lumière tête nue sommeille sur le lit défait
un enfant se roule avec les poules dans la poussière
les cheminées ne voient rien venir de l'étoile des sentiers
c'est le soir qu'elles font leurs meilleures pipes
qu'elles ont le temps de compter leurs bottes de fumée
J'étais une blessure rouge dans les tresses du blé
dont la mer arrête la déroute sonnante
et vous aussi mes compagnons
que le soir en service sur le pont saluait un à un
Une cloche blottie au fond du village
un passant sur la terre emporte son âme
mal pliée sous le cœur sans doublure
des vaches poussées vers l'oubli des étables
du soleil saute sur leur dos
perd pied sur le sol haut d'un songe plus sombre
les nuages gagnent du retard dans le silence plus épais
hésitent dans le carrefour étoile
Le vent achève de vivre dans un arbre
hoche sa dernière feuille
Le col cassé des murs devient plus juste
pour un cou d'ombre démesuré
Une femme sous forme d'épaule nue
gagne froid dans son miroir
la buée de ses murmures de ses désirs insoumis
est plus fondante sur la vitre calcinée
Les oiseaux sont rentrés sous leurs ailes
la nuit ravage les coteaux du cœur
et le désastre sera plus cher aux pommettes du matin
les étoiles frôlent la terre de leurs antennes
des feuilles mortes vont et viennent aux cuisses des forêts
des baisers se parlent à voix basse
C'est le pas cadencé sur les dalles éternelles c'est le cri sans écho vers l'étoile de glace c'est le cri vissé dans les gorges écarlates la nuit
ses chemins sans poussière ses arbres jusqu'au ciel ne blanchiront pas des touffes de femmes nues
Terre brisée de vagues terre sans vol d'oiseaux le continent de ton cœur bat comme un filet d'eau tu tournes moins vite autour du piège de ton cœur pris lui-même dans
la soie des étoiles
L'éventail d'une femme s'ouvre sur un lit
froissé par mille mains urgentes
sa tête coupée de baisers tombe
une hanche comme un sillon un soupir retenu par un fil
des bouches se nouent roulent sur leurs bords
avec le son que fait la nuit descendante
la lumière épuisée fait des bulles de jour
Les feuilles mortes veillent sous le vertige des arbres
la prière ferme sa bouche
des messages passent entre les doigts ouverts
pour des continents inaccessibles
des fleurs étrangement coiffées
baignent dans le sirop des songes
une fenêtre dans une chaumière
respire par son entrebâillement
claque des dents depuis tant d'hivers
une araignée pense dans ses cordages
reliés par des nœuds de rosée
une femme peu vêtue se noie dans le soir
se débat jusqu'à l'horizon
un regard compte ses pleurs avant de les verser
un sein se forme au contact de la main
et ces bourrasques dans les chambres sans plafond
et tous les cœurs perdus dans les bois
et les bielles qui s'arrêtent dans les machines souterraines
et les vieillards qui se reposent de leur vie
contre les murs chauds de l'été
et les flambées joyeuses de la mémoire
trouant les cendres froides
la flaque des yeux comme une autre flaque
les ceps transis la dernière pomme la dernière feuille
La mort attend derrière un mur sans fenêtres
suspendue entre la main et le regard
un rideau bouge sur une allée déserte
c'est là qu'il faufile ses derniers gestes
qu'il écoute une musique ouvrant les miroirs
Le ciel surpris par un soir ironique
est situé au bord du monde
Les lampes chauves sur les fronts obliques
sont des poissons de chambre
Les glaces n'ont pas retenu ton cadavre allégé
de tant de souvenirs de tant de plaintes mal amarrées
Les arbres penchés sur l'eau
comme une caresse inachevée
Ta vie vécue jusqu'au dernier papier de peau
pas une mémoire de femme ne se souvient d'elle
comme la terre se souvient des étoiles de la nuit
Un peu de buée sur la tête trop claire
un peu de tendresse mal assemblée dans la main
et je la tends cette main à l'arbre bourru
au passant poursuivi par les routes usées jusqu'aux os
Les litres de clarté jamais bus jamais vides de leur éclatement facile
L'alerte dans les chaumes aux aguets très loin très haut entre des villages séparés par des siècles de silence
Herbes osseuses tous vos arcs
tendus pour les pantoufles du vent
formes des jours que renverse un crépuscule complexe
formes presque nues où quelques lueurs du sexe
flottent a la mature du ciel
vous toucherez bientôt les bras qu'on vous tend
de ces horizons moins nets
de ces bois moins frileux
de ces plaines brusquées de soleil
de ces ruisseaux braquant tous leurs miroirs
sous les arches des herbes
La lessive de l'eau s'ébat contre les pierres transparentes
les sources sont plus coquettes à l'aisselle des collines
le gonflement tiède de l'atmosphère
où il passe une rumeur de fenêtres qui s'ouvrent
Il n'y a plus d'ombre alitée sur la terre
Il y aura des abois plus chauds dans les fermes
des pierres poussées à l'improviste
des nuits cuivrées d'étoiles moins cinglantes
des couchers de soleil moins expéditifs
il y aura des rayons de lune dans le songe des hiboux
des clairières fruitées sur la tête des femmes
La tête vitrée du ciel
écoute mieux le cœur gagner à petits pas
sa prairie compliquée
L'ennui se mire aux ongles lisses
La crainte d'être oubliées du sommeil
rapproche les rives de ma présence
Les péniches du cauchemar
sont veillées par un oiseau de verre
Les arbres lèvent leur main froide
vers des hauteurs superposées
La nuit risque des pieds blancs sur la ville
les rivières font une cravate à la terre
les forêts d'angoisse gonflent leurs feuilles
avec la pompe du cœur
L'amour n'est pas rentré ce soir
à cause de l'écho tremblant des couloirs
Derrière la colline le vent se pousse
atteint la route tout en cheveux
Le ciel à portée de la main
La campagne est sombre comme la bouche d'un tunnel
ne descends pas là où est morte la ville
le calme a des bordures qui cèdent comme des trappes
Au pas la petite peine de chacun
sur les sommiers troués
Les nuages éconduits de l'autre côté de la terre lourds comme des forêts enfermées par le vent
accoudés sur les plaines passives
Les pierres bâillent de toutes leurs dents
Quelles douces mains s'accouvent sur nos fronts
sous quels beaux miroirs
se plaignent nos mémoires
Sous les cheveux défaits de la pluie
la détresse ignore la béatitude des horizons
Un geste indifférent résume la démarche du passé
nous sommes les cœurs battus des cœurs
les cris d'usine que la nuit ne peut consoler
Monde seul comme une bouteille bue
Une feuille descend escalier par escalier
au pli de la feuille un éclair nu
r r j comme le plafond sur un mourant
Personne ne répond à l'appel
que tire la terre de sa porcelaine de villes
Il n'y a pas de veilleur sur la plus haute montagne
et le ruisseau a peur de l'araignée de saule
et de la grimace des nuages
Les étoiles sont attentives
combien ont-elles pointé de leur coup de crayon
de passants désespérés de leur tête longue et vide
Étale ton corps souffreteux
sur l'hôpital des murs blanchis
lampe vieille fille
tu ne parles pas de ta vie éternelle
ta lueur serait peut-être l'étage de silence
que m'ont promis les passeurs du songe
Tu rentres dans tes fils au moindre geste de jour
Les champs perdent pied sous la neige
au-dessus des ruisseaux ébréchés par la glace
Les arbres jettent en vain leur bras d'alarme
L'eau essuie ses carreaux noirs
près des fontaines près des maisons
et mène ses branches voir la mer
d'un pas léger qui marque des vallons
Les cheminées ont le cou nu
dans la lune trop large
Les villages sous leurs plumes
sont de grands oiseaux reposés
avec comme mouvement juste de quoi faire battre
la poitrine plate des fenêtres
Le bec plus sombre du plus haut mur
guette en vain le guêpier du soleil
La côte s'élève comme le lait
les pas dans la rue montent jusqu'au ciel
les têtes passent à peine de l'entonnoir du col
et vont vite vers le tunnel des portes
penser aux flocons de chaleur et d'amour
Le soleil ses plus beaux épis
que des flaques boivent à la place de la nuit
Un vent libéré retrouve
les grandes voies ferrées de l'éternité
Le désir à tue-tête se mesure
aux pierres tranchantes des sens
à la pâte qui lie les doigts hésitants
Un nuage passe qui convoie le duvet chaud
de songes sûrs de leur foi
Dans le peuplier coulent de brusques barques
des lanternes trouent la nuit de leurs grosses tètes
Plus blanche est la morte sous les paupières
cousues de sommeil
plus nette est la cambrure de la terre
à la clarté qui déborde dans la nuit
ma tête est captive de la mémoire
la jetée d'un éclat augmente un front furtif
la cloche de colline pèse sur la terre
s'élargit jusqu'aux routes
Les oiseaux perdent haleine
à suivre la trace du jour
les étoiles s'éclairent de leurs lampes de poche
et se serrent à l'approche de l'éternité
Les villages somnolent sous leur couvercle de pierre
rêvant tout haut dans la voix des batteuses
le matin boit son bol de rosée
à table avec les arbres autour des prés
Les charrues jouent mal du violon
sur les champs savonnés de brume
et chaque feuille en tombant emprunte un peu de cette plainte
les colonnes muettes de l'ombre
supportent les nuages
Automne ô belle fille bombée de larmes
ô belle blonde qui verses tes seins nus
dans la paume retournée du ciel
ta bouche entrouverte brille
de longues dents obliques
tes bois sont des créneaux
pour tirer sur l'hiver
ta lumière est disjointe par le vertige
et tes flaques ont de grands regards
L'œil blanc des lampes
repousse la nuit sur ses montagnes clignotantes
rencontre l'ongle fragile d'un regard
Entre les cuisses de la terre
il y a un village qui tend ses bras de fumée
Dans le ruisseau les cailloux font des cœurs
que touche du doigt une étoile
les herbes marchent par bandes
à la suite des voitures de vent
font des grands signes au-dessus de l'eau
Chacune des villes du ciel s'allume
comme celles plus folles de la terre
à cause des femmes qui éclairent leur corps
et des rapides blessés d'incendie
Les manches trop longues des rues
où les fenêtres vous suivent
avec le haussement d'épaule de leurs battants
C'est le même jour qui se lève de grand matin
des labours tout frais de lessive
La pente de vent s'approche
essaie le ressort des arbres
soulève l'écaillé de l'étang
La joie de vivre se fait femme
au bord des champs mal peignés
où les hommes se lavent à grand soleil
la tête nue jusqu'à la dernière tuile de ciel
Le frisson qui compte les vertèbres
n'a pas perdu sa tondeuse usée
S'il y avait une raison de mourir
au seuil de ces portes trop hautes de jour
si la lumière se caressait de la main
si l'on était sûr de ne pas être seul
dans les terrains vagues de la mort
Les parois tournantes du sommeil
ont des globes fixes pour voir
les algues qui montent vers la nuit
de l'oreille tendue des buissons
du coton sanglotant du cœur
des seins étoiles
Le plus haut toit les peupliers captifs passent dans les trouées de brume la terre se serre sous ses collines et rejette le sang des pluies
dans les ruisseaux laiteux
L'haleine des feuilles mortes à chaque visite de vent à chaque tremblement de la terre afflue du poumon sec des arbres
Les chemins déboutonnés
n'ont plus de détours secrets
pour aller d'un village à l'autre
à l'insu des grand'routes
La nuit doublée de la nuit des nuages
connaît parfois la faveur brève
d'un œil curieux d'étoile
ou d'un réveil étonné d'oiseau
Pierre par pierre chaume par chaume
le soleil a replié les champs
assis en rond autour des bois
La morte en papier
gouverne de son ombre centrale
des formes qui se comparent à celles du silence
et ses veines épurées
des doigts moites du sang
n'ont plus de tempes bleues
Le jour pensif de tous ses feuillages coule les barques désertes des mains de la morte dont le regard se divise comme une chaleur nouvelle
et fuit entre les murs des mémoires hautes les regards vivants
éclairent leur cône des mêmes yeux suspendus et pèsent sur la terre de tout leur poids.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012