Poèmes

Nuages

par Michel Leiris

Une épaule appuyée contre la masse du vent

le front offert aux proies futures

regardons les citadelles couler bas dans les étangs

et les briquets s'éteindre entre les doigts de ceux qui

aiment par-dessus tout le brandon noir que les tempêtes agitent

Il faudrait que la sensualité

avec son cortège de vaisseaux

d'aventures

et de mains criminelles

monte en nuée lourde

éclatante

d'où tomberait
Dieu sait quelle pluie

Un déluge de quarante jours et quarante nuits

Arche du corps

quel beau voyage à la surface de ce désastre

Il faut aimer l'eau qui s'écroule et submerge le sol

l'emprisonnant dans une gangue liquide

Les plantes pourrissent lentement dans ce désert de

nacre froides parois qui embrassent leurs rameaux et ceux-ci se colorent de reflets d'incendies et de sacres corrompus par cette langue très mobile dont la moiteur augmente le nombre que
j'ignore mesure des avatars des choses et de leurs longues

vicissitudes

Il faut aimer les pierres dont le cristal se désagrège

sous la pesée tenace des eaux

baptême minéral qui plie les minerais ainsi que des

roseaux les fait faiblir devant cette hanche souple voile adorable qui surplombe les flots

Il faut aimer surtout la fuite monotone des cataractes

et des sanglots coulée douce

métallique comme tout ce qui brûle fluide pourtant comme les remous de jupe de celle

qui se déprave et nous livre

obéissant aux grandes chartes naturelles ses caresses et les indices divinatoires de son avenir et de ses os



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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