Une épaule appuyée contre la masse du vent
le front offert aux proies futures
regardons les citadelles couler bas dans les étangs
et les briquets s'éteindre entre les doigts de ceux qui
aiment par-dessus tout le brandon noir que les tempêtes agitent
Il faudrait que la sensualité
avec son cortège de vaisseaux
d'aventures
et de mains criminelles
monte en nuée lourde
éclatante
d'où tomberait
Dieu sait quelle pluie
Un déluge de quarante jours et quarante nuits
Arche du corps
quel beau voyage à la surface de ce désastre
Il faut aimer l'eau qui s'écroule et submerge le sol
l'emprisonnant dans une gangue liquide
Les plantes pourrissent lentement dans ce désert de
nacre froides parois qui embrassent leurs rameaux et ceux-ci se colorent de reflets d'incendies et de sacres corrompus par cette langue très mobile dont la moiteur augmente le nombre que
j'ignore mesure des avatars des choses et de leurs longues
vicissitudes
Il faut aimer les pierres dont le cristal se désagrège
sous la pesée tenace des eaux
baptême minéral qui plie les minerais ainsi que des
roseaux les fait faiblir devant cette hanche souple voile adorable qui surplombe les flots
Il faut aimer surtout la fuite monotone des cataractes
et des sanglots coulée douce
métallique comme tout ce qui brûle fluide pourtant comme les remous de jupe de celle
qui se déprave et nous livre
obéissant aux grandes chartes naturelles ses caresses et les indices divinatoires de son avenir et de ses os
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012