Poèmes

Nocturne

par Francis Vielé-Griffin

Veillerons-nous ce soir ?

La lune est haute ;

Toutes les palmes de la nuit calme,

Voluptueuses, flottent,

Pout un épithalame...

Et l'air prie bas entte les feuilles noires ;

Une eau sanglote ;

On pourrait voir,

A travers le ciel résilié d'étoiles fines,

L'ombre de
Dieu et
Dieu qui se devine.

Serait-ce un sacrilège ?

La nuit est-elle à nous, specttes du jour.

Avec la honte au cœur des haines et des amours

Et tout ce poids d'humilié que tien n'allège ?


Oh ! dotmons — clos les yeux : nos cœurs sont sourds,
Nos yeux aveugles et las ;

Et l'œuvre de nos bras

Est telle qu'au jour suffit sa peine, à peine ;

Et l'œuvre de la veille

Ne nous vaut pas un lendemain ou prendre haleine :

A chaque soir, le vieux sommeil

Voici la longue nuit des songes

Dont le jour, trois fois bas, s'affuble et se prolonge


Le rêve veille et peine

Près de nos corps inertes qui s'allongent

Mimant le beau jout las qui dort le front au coude —

Puis c'est l'aube, encore, d'angoisse ! et telle

Qu'il semble que toute l'âme saigne, goutte à goutte,

Au néant, s'y dissoudre, l'immortelle !...

Dors — bonne nuit ! pourtant : ris, rêve et doute...

Ce baiser de ta bouche

Fut comme un peu de vin ;

Ta main fraîche à mon front est comme une pluie fine


Ton doux bras que je touche

Est tiède comme la nuit de juin...

La lune au ras des peupliers se couche ...On mourrait bien...



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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