Ne n’oublie pas, Petite !
Quand on est un vieux roc dont la paroi s’effrite
On n’est point de ceux que le mot vieillir irrite,
On sait qu’il reste un temps, car le roc, sans fracas,
Pourra longtemps encore examiner son cas.
Tendreté n’est plus l’apanage
D’un quinquagénaire que l’âge
N’a pas forcément fait plus fort :
Restons-en là, sur notre faim !
Mais Tendresse se rit de l’âge
Et demeure, elle, l’apanage
D’un vieux cœur, quand il bat si fort
Dispensant son amour sans fin.
Vingt-neuf ans ! Elle est bien curieuse,
La destinée, si sourcilleuse
En matière de vie heureuse
D’avoir choisi nombre premier
Pour être de ta vie moitié,
En années, de celle du père !
Nombre premier ! Un vrai temps plein,
Une étape, un saut, un tremplin.
Un nombre d’or ! Un nombre choix !
Celui où reine trouve roi
Parce qu’en tête, souveraine,
Elle se sent soudain si sereine.
Vis, ma Grande, et gronde alentour,
Montre-toi toi ! Humaine et bonne,
Camarade et samaritaine !
Certes !
Mais plus encore !
Imagine ! Piège ! Déconcerte !
Ne pleure pas l’arbre abattu,
Ni l’envol du migrateur,
Ni le cœur volé !
Ni celui en errance, pas même celui en souffrance...
Et alors... Ou alors ?
Ose, expose, explose,
Prends l’arbre à bras le corps et fais-en la conquête !
Rejoins l’oiseau !
Reprends le cœur !
Sois le havre !
Sois médecine !
Ne laisse point faire, dresse-toi,
Assieds, assène, voire assassine
En tout bien tout honneur.
Trentième ? L’année du bonheur.
Je t’aime, Grande !
Et que les mots du père ne te fassent ombrage !
Qu’ils n’éveillent en toi ni rage ni orage !
Ne l’oublie pas, Petite :
J’ai double de ton âge !
28 janvier 2000
«Équipées sereines»
Au sujet de Jean Ciphan
A Propos
Je suis né en 1942. Pendant plus de soixante ans, j'ai savouré le bonheur d'écrire pour mon seul plaisir. Je pense le temps venu d'oser enfin publier !
1960.
Tombé tout jeune dans "la marmite des mots", je crois indispensable de garantir la pérennité de mon œuvre poétique en devenir par un nom de plume Jean Ciphan.
Je la rassemble en un cahier, celui de mes "Sentiers incertains" !
Toutefois, je conserve mon patronyme (Jean Yvon Chapin) pour signer "Les frères Letellier", mon premier essai littéraire...
1962.
Tout jeune enseignant, je rencontre Monsieur Guy des Cars et lui remets en main propre mon manuscrit. Le directeur de l’Académie du Maine me fait l'honneur de le considérer avec intérêt ; lecture faite, il me recommande « de l’étoffer pour en faire un roman ».
Le romancier parcourt également le recueil de mes textes poétiques ; il les apprécie et me conseille de faire parvenir mon cahier (vingt-neuf poèmes) à Monsieur Pierre Seghers, créateur de la collection "Poètes d’aujourd’hui".
J’y souscris bien volontiers et reçois en retour les « encouragements » du célèbre éditeur, sous pli recommandé !
1971.
Professeur de lettres dans un collège du Mans, j’entreprends l’écriture d’un nouveau roman, "Kermarzin". Toutefois, mes engagements professionnels, associatifs et familiaux prennent rapidement le pas sur mon violon d’Ingres !
1983/1997.
Devenu chef d'établissement, je dirige successivement les collèges de Mamers et de La Suze-sur-Sarthe.
2002.
Les mois, les années passent. Me voici aux Sables-d'Olonne, sur la côte de Lumière, de plain-pied dans le siècle nouveau : ma passion pour les mots est intacte !
Retraité, je dépoussière mes carnets et cahiers... Les protagonistes de "Kermarzin" y sont en léthargie... Ma soif d’écriture demeure. Avant de l’étancher, je décide de m’imprégner des lieux, des usages, des ambiances que mes héros auront à partager. J’y prendrai tout mon temps : ensuite seulement je les réveillerai !
2003.
Je suis victime d’un accident vasculaire cérébral. L’épreuve est lourde, difficile à surmonter. Le soutien inconditionnel de mon épouse, de ma tribu et de mes soignants me permet de franchir l’obstacle. Il me toutefois faudra plus de dix ans pour y parvenir !
2013.
Après le temps du recul nécessaire et pour témoigner, je rédige une plaquette susceptible d’aider les personnes victimes d’AVC et celles qui les entourent, "La tache d’encre bleu roi".
2016.
Au cours de l’été, j’entreprends l'écriture de "Mission Codlea". Le récit rapporte l’aventure humanitaire exceptionnelle et admirable que mon épouse, décédée en 2015, a initiée et conduite en Roumanie, auprès des orphelins de cinq maisons d'enfants, de 1990 à 2013.
2018.
Sous le titre "Oser dire", je rassemble et publie quelques-uns de mes poèmes et les fantaisies qui les accompagnent. (Les "Sentiers incertains" y ont pris toute leur place ! )
Deux romans sont achevés : les protagonistes de "Kermarzin" ont été réveillés et j’ai enfin suivi le conseil de Guy des Cars en étoffant "Les frères Letellier".
"La tache d’encre bleu roi" devrait également paraître prochainement..
Poème publié et mis à jour le: 19 August 2018