Dans une maison étrange,
un lit étrange
dans une ville étrange,
un moi très étrange
t'attend.
Il est très tôt le matin.
Le silence est pesant.
Le bébé se promène
avec son biberon moussant,
émet des sons étranges
et décide, après tout,
d'être mon ami.
Tu
arrives ce soir.
Que le temps est ennuyeux !
Quel vide !
Et pourtant,
puisque je suis assis ici,
allongé ici,
à marcher de long en large,
à attendre,
je vois
que la cruelle capacité du temps
à faire attendre
est sa réalité.
Je vois tes cheveux
que j'appelle roux.
Je suis allongé ici, dans ce lit.
Un jour, quelqu'un s'est moqué de moi,
un de nos amis,
en disant que j'avais vu tes cheveux roux
parce que je ne pensais pas
à tes cheveux.
Quelqu'un m'a aussi dit,
il y a longtemps :
mon père m'a dit :
C'est une chose terrible,
mon fils,
de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Maintenant,
je comprends ce qu'il voulait dire.
Je n'aurais pas pu voir rouge
avant de me retrouver
dans cet étrange lit d'attente.
Mon œil nu n'avait pas non plus suggéré
que la couleur était créée
par la lumière tombant, maintenant,
sur moi,
dans cet étrange lit,
attendant
où personne ne s'est jamais reposé !
Les rues, je les observe,
sont hivernales.
On dirait de la neige.
Les étourneaux tournoient dans le ciel,
conspirant,
ensemble et seuls,
d'indicibles voyages
dans et hors de la lumière.
Je sais que
je te verrai ce soir.
Et la neige
pourrait tomber
assez pour nous glacer la langue
et nous brûler les yeux.
On ne nous retrouvera peut-être jamais !
Tout comme les oiseaux au-dessus de nos têtes
qui tournent
en cercle
chantent,
sachant
que, dans ce qui les attend,
le passage toujours inconnu,
le vent, l'eau, l'air,
la lumière déclinante
la nuit déclinante
le soleil aveuglant
ils doivent accomplir le voyage.
Écoute.
Ils ont des ailes et des voix
font des choix
utilisent ce qu'ils ont.
Ils sont conscients
que, lors des longs voyages,
chacun porte l'autre,
ronronnant,
agitant
l'amour qui naît
au milieu de l'air terrifiant.
Poème publié et mis à jour le: 01 May 2025