Si l'espoir du don
est d'aimer les vivants,
celui qui donne risque la folie
en donnant.
Il me semblait lire une telle leçon
sur les visages qui m'entouraient.
Affligés et aveugles, désespérés, sans espoir,
quel don leur donnerait le don à recevoir ?
Le donateur n'est pas moins à la dérive
que ceux qui réclament ce don.
S'ils ne peuvent le réclamer, s'il n'est pas là,
si leurs doigts vides battent le vide
et que le donateur s'agenouille en prière
sait que tout ce qu'il avait donné n'avait servi à rien
et que rien n'était jamais ce qu'il pensait
et se tournait dans son lit coupable pour contempler
les multitudes affamées qui se tenaient là
et se levait pour maudire le ciel,
il devait pourtant comprendre que celui à qui l'on donne beaucoup
on prendra beaucoup, et à juste titre :
je ne saurais dire combien je dois.
Poème publié et mis à jour le: 01 May 2025