Poèmes

Michel-Ange

par José-Maria de Heredia

Certe, il était hanté d'un tragique tourment,
Alors qu'à la
Sixtine et loin de
Rome en fêtes,
Solitaire, il peignait
Sibylles et
Prophètes
Et, sur le sombre mur, le dernier
Jugement.

Il écoutait en lui pleurer obstinément,
Titan que son désir enchaîne aux plus hauts faîtes,
La
Patrie et l'Amour, la
Gloire et leurs défaites ;
Il songeait que tout meurt et que le rêve ment.

Aussi ces lourds
Géants, las de leur force exsangue,
Ces
Esclaves qu'étreint une infrangible gangue,
Comme il les a tordus d'une étrange façon ;

Et dans les marbres froids où bout son âme altière,
Comme il a fait courir avec un grand frisson
La colère d'un
Dieu vaincu par la
Matière !



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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