UN ANGE EST PASSÉ
Un soir tu es parti, en tête une sonate
tu as fermé les yeux, tes bras ancrés sans hâte
tu as semé la nuit, tu as quitté la vie
déposé tes pinceaux pour l’ultime lavis
Drapé dans un nuage tu as lâché la rive
que tes paroles nues jusques à nous arrivent
mûres comme des fruits belles telles des fleurs
sons qui nous guideront quand nous serons en pleurs
Tu aimais les chemins où l’on s’aime où l’on meurt
tu nous parlais de la douleur dans le bonheur
ton cœur dansait en toi ne voulant pas vieillir
des fleurs, nous apprenant à ne pas les cueillir
Tant de poèmes confiés, déposés là-haut
tant de musiques tues laissées dans les pianos
tant de messages en l’air comme calligrammes
de la tendresse de chair lovée dans nos âmes
Chacune de tes courses était envol d’oiseaux
dans tes rires comblés dansaient les vives eaux
entre l’espoir des matins et celui du noir
ta voix s’est tue mais il nous reste la mémoire
Les étoiles terrassées privées de leurs yeux
ne sont plus que blessures et privées de leurs feux
ces lieux d’éternité embellissant les nuits
tu nourriras nos cieux devenus infinis
Tes abîmes seront présents dans nos lumières
ton flambeau brillera sous nos closes paupières
tu fus notre joie, nous ne serons que louange
tu te savais mortel, devenu tel un ange.