Poèmes

Marmonnement

par Rene Char

René Char

Pour ne pas me rendre et pour m'y retrouver, je t'offense, mais combien je suis épris de toi. loup, qu'on dit à tort funèbre, pétri des secrets de mon arrière-pays.
C'est dans une masse d'amour légendaire que tu laisses la déchaussure vierge, pourchassée, de ton ongle. Loup, je t'appelle, mais tu n'as pas de réalité nommable. De
plus, tu es inintelligible. Non-comparant, compensateur, que sais-je? Derrière ta course sans crinière, je saigne, je pleure, je m'enserre de terreur, j'oublie, je ris sous les
arbres. Traque impitoyable où l'on s'acharne, où tout est mis en action contre la double proie : toi invisible et moi vivace.

Continue, va, nous durons ensemble; et ensemble, bien que séparés, nous bondissons par-dessus le frisson de la suprême déception pour briser la glace des eaux vives et se
reconnaître là.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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