Poèmes

Louis Curei de la Sorgue

par Rene Char

René Char

Sorgue qui t'avances derrière un rideau de papillons qui pétillent, ta faucille de doyen loyal à la main, la crémaillère du supplice en collier à ton cou, pour
accomplir ta journée d'homme, quand pourrai-je m'éveiller et me sentir heureux au rythme modelé de ton seigle irréprochable ?
Le sang et la sueur ont engagé leur combat qui se poursuivra jusqu'au soir, jusqu'à ton retour, solitude aux marges de plus en plus grandes.
L'arme de tes maîtres, l'horloge des marées, achève de pourrir.
La création et la risée se dissocient.
L'air-roi s'annonce.
Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture.
Tu as été, enfant, le fiancé de cette fleur au chemin tracé dans le rocher qui s'évadait par un frelon...Courbé, tu observes aujourd'hui l'agonie du
persécuteur qui arracha à l'aimant de la terre la cruauté d'innombrables fourmis pour la jeter en millions de meurtriers contre les tiens et ton espoir.
Ecrase donc encore une fois cet œuf cancéreux qui résiste...

Il y a un homme à présent debout, un homme dans un champ de seigle, un champ pareil à un chœur mitraillé, un champ sauvé.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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