Poèmes

L'Oracle et L'Impie

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

Vouloir tromper le ciel, c'est folie à la terre.
Le dédale des cœurs en ses détours n'enserre
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les
Dieux :
Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux,
Même les actions que dans l'ombre il croit faire.

Un
Païen qui sentoit quelque peu le fagot.
Et qui croyoit en
Dieu, pour user de ce mot.

Par bénéfice d'inventaire,

Alla consulter
Apollon.

Dès qu'il fut en son sanctuaire : «
Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non? »

Il tenoit un moineau, dit-on,

Prêt d'étouffer la pauvre bête,

Ou de la lâcher aussitôt,

Pour mettre
Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu'il avoit en tête : «
Mort ou vif, lui dit-il, montre-nous ton moineau.

Et ne me tends plus de panneau :
Tu te trouverois mal d'un pareil stratagème.

Je vois de loin, j'atteins de même. »



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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