De temps à autre il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec les herbes parfumées
qui poussent bien en amont
de nos vertiges d'ancien nègre marron.
Ce beau travail me fait avancer à cheval sur la grammaire à notre
Maurice
Grevisse : la poésie y reprend du poil de la bête mes mots de vieux nomade ne regrettent rien ils galopent de cicatrice en cicatrice jusqu'au bout de leur devoir de tendresse.
Debout sur les cendres de mes croyances mes mots s'élèvent sur tout espoir vrai au gré des flots émerveillés de ma candeur.
Mes mots ont la vigueur d'un épi de maïs, mes mots à l'aube ont le chant pur de l'oiseau qui ne vend pas ses ailes à la raison d'Etat.
Mes mots sont seulement des matins de labours éblouis de sève qui forcent avec amour les portes du désert cubain qu'on leur a fait.
Ce sont les mots frais et nus d'un
Français qui vient de tomber du ventre de sa mère : on y trouve un lit, un toit, un gîte et un feu pour voyager librement à la voile des mots de la réal-utopie !
laissez-moi apporter les petites lampes
de la crédité qui brûle en aval
des fêtes et des jeux vaudou de mon enfance :
les mots créoles qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphin
au plus haut de mon raz-de-marée ;
les mots sans machisme aucun qui savent grimper
toutefois à la saison bien lunée des femmes
mes mots de joie et d'ensemencement profond
au plus dru et au plus chaud du corps féminin,
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux
oui je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012