Le chant désolé d'un hibou
a interrompu son rêve d'Africain.
A l'heure des coqs en
Angola
une nuée dansante
de jeunes filles ont confié
la pierre bleue de son chemin
au flux et au reflux de la mer.
O
Mario ! sur le bord en cristal
du temps de guerre qu'il fait dehors
tes pas de voyageur égaré
font un bruit de rivière sur le gravier
tandis que ta mort tourne sept fois
autour de ma maison audoise qui obéit
à la seule logique de la vigne.
La petite-mère-révolution aux abois
l'ayant fait descendre de son cheval
c'est à pied que
Mario de
Andrade
a traversé les fumées au tunnel du siècle
pliant l'épaule
sous le baluchon de ses idées
d'homme libre.
L'ombre mortifère de l'époque s'est arrêtée à sa porte : une géométrie sans foi ni loi a fait déborder le lait de ses jours.
Dans vingt ans il sera plus jeune que le temps de sa mort.
Attends-nous sur la colline
avec l'oiseau-phosphore des poètes ;
au soir du dernier automne attends-nous sous l'écorce du baobab, attends-nous avec ton foulard magique : pour ouvrir d'autres collines à notre foi en père d'une percée
jamais vue du monde.
Personne mieux que toi ne peut voir
ce qui nous arrive après les contes
amers du
XXe siècle.
Au jour
venu de la montée des lumières de l'homme
et du citoyen
sois le matin de rosée
qui donne sève et sens à notre espoir.
Si meurt mon
Mario de
Andrade que la chair de la beauté berce sa mort sur une colline d'Afrique au carrefour où les dieux attendent pour les rouvrir les yeux qu'aura un jour la nouvelle enfance des
Justes !
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012