D E grands paysages secrets, intimes comme le rêve, sans cesse tournoyaient et se volatilisaient sur elle comme l'encens léger des nuages sur la flèche incandescente d'une cime.
Sa venue était pareille à la face de lumière d'une forêt contemplée d'une tour, au soleil qu'exténuent les brouillards d'une côte pluvieuse, au chant
fortifiant de la trompette sur les places agrandies du matin.
Près d'elle j'ai rêvé parfois d'un cavalier barbare, au bonnet pointu, à califourchon sur son cheval nain comme sur une raide chaise d'église, tout seul et minuscule
d'un trot de jouet mécanique à travers les steppes de la Mongolie — et d'autres fois c'était quelque vieil empereur bulgaroctone, pareil à une châsse
parcheminée entrant dans Sainte-Sophie pour les actions de grâces, pendant que sous l'herbe des siècles sombre le pavé couleur d'os de Byzance et que l'orgasme surhumain des
trompettes tétanise le soleil couchant.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012