Le matin en s'éveillant, les doubles fenêtres l'emprisonnaient dans la forêt vierge de leur délicate palmeraie de glace.
Il n'était besoin que de les arroser pour qu'elle poussât en une nuit.
On s'étonnait cependant à peine de marcher la tête en bas : le ciel n'était plus que du terreau gris sale, mais la voie lactée de la neige éclairait le monde
par-dessous.
Tous les visages étaient beaux, rajeunis, — la neige enfantait des corps glorieux.
A midi dans le jardin de neige et d'ouate, debout sur un pied et retenant son souffle, il réaccordait le silence.
Le soir le labyrinthe duveteux du brouillard cadenassait la maison, — les portes restaient battantes.
Puis le rayon de lune rôdait autour de la chambre jusqu'à ce que la fenêtre posât sur le lit une grande croix noire.
Ces délicates escroqueries lumineuses pourtant n'étaient pas toujours sans danger.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012