Un animal cornu blessa de quelques coups
Le
Lion, qui plein de courroux,
Pour ne plus tomber en la peine,
Bannit des lieux de son domaine
Toute bête portant des cornes à son front.
Chèvres,
Béliers,
Taureaux aussitôt délogèrent;
Daims et
Cerfs de climat changèrent :
Chacun à s'en aller fut prompt.
Un
Lièvre, apercevant l'ombre de ses oreilles,
Craignit que quelque inquisiteur
N'allât interpréter à cornes leur longueur.
Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles. «
Adieu, voisin
Grillon, dit-il; je pars d'ici :
Mes oreilles enfin seroient cornes aussi;
Et quand je les aurois plus courtes qu'une autruche,
Je craindrais même encor. »
Le
Grillon repartit : «
Cornes cela?
Vous me prenez pour cruche;
Ce sont oreilles que
Dieu fit.
—
On les fera passer pour cornes,
Dit l'animal craintif, et cornes de licornes.
J'aurai beau protester; mon dire et mes raisons
Iront aux
Petites-Maisons. »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012