Oh vivre ici,
Démétrios, dans les bras repliés
Des collines.
Avec un toit, du fromage, du vin,
Des fourrures de chèvre au lieu de casques sous la tête
Pour regarder le ciel à quoi nous ne comprenons rien
Couchés ce soir sur l'herbe rase où l'on a répandu
À l'aube les boyaux décevants d'une poule, où demain
Rouleront dans le sang tes drachmes au profil usé,
Mercenaire.
Tu ronfles.
Peut-être qu'en dormant tu connais la forme des mondes
Et que nous en saurons la raison tout à l'heure
Quand la lumière ayant touché la pointe de nos armes
Il faudra y aller, camarade.
Noires sont les blessures au soleil qui a soif.
Que l'épée nous abrège : aucune immortelle, crois-moi,
Ne viendra salir ses pieds nus dans la sève de ceux qui
gisent.
Empoigne donc la terre et mords, si tu veux qu'un peu de
poussière
Ait pitié de ton ombre et se souvienne.
En haut je ne vois
pas
D'étoile qui déjà ne soit oubli, dur regard traversant
La fumée inutile des sacrifices.
Même les
Infernales
Se taisent, et nous sommes seuls avec l'heure qui rétrécit.
Mais le ruisseau qui sépare nos feux de l'autre armée
En bas chuchote encore et fait luire entre les roseaux
Ces hautes tremblantes lettres que je ne sais pas lire.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012