Nous écoutions s’unir parmi l’ombre du bois
L’appel des veneurs et le vôtre,
Dryades à la bouche arrondie ! et ces voix
Ont expiré l’une après l’autre.
L’aboi cruel des chiens de chasse s’est déjà
Perdu le long de la bruyère ;
Et le retour précoce au bercail dissipa
L’aboi des chiens de la bergère.
Des peupliers couverts d’oiseaux je n’entends plus
Gazouiller les hautes quenouilles.
Dans les iris, au seuil des grottes, se sont tus
Les gosiers gonflés des grenouilles.
La marche du ruisseau sous le pin-parasol
A même arrêté ses murmures ;
Et le bruit a cessé que faisait sur le sol
La chute des amandes mûres.
À la cime d’un roc où des rayons blessés
Saignent avant de disparaître
S’est assis un éphèbe aux longs cheveux lissés
Et cernés de feuilles de hêtre.
Est-il nu ? Les pâleurs discrètes de ses bras
Avec le jour mourant s’accordent.
Près de son cœur ses mains qui ne s’émeuvent pas
Tiennent une lyre sans cordes,
Jeune homme grave et frêle, au souffle si léger,
Aux tendres yeux si pleins d’absence
Que devant lui la brise à peine ose bouger,
Il est l’image du silence.
Poème publié et mis à jour le: 16 December 2022