Cependant que veillait le duc de Pampelune
Dans la tour où semblait dormir la Belle-au-bois
Et que, n’osant briser le silence, les doigts
Croisés, il contemplait la chevelure brune :
Tandis qu’il attendait, en de charmants émois,
Que du baiser joyeux sonnât l’heure opportune.
Les Sarrasins, juste à l’instant que naît la lune,
Se sont subitement rués tous à la fois.
Alors un bruit courut dans le château sans lampes
Hoquets d’ivresse, appels sonnant de mur en mur,
Avec des cliquetis de couteaux sur les rampes ;
Et par les croisillons de sinople et d’azur
Le duc vit, du côté que miroitent les mares,
La Belle, toute nue et qui, sous le ciel pur,
Galopait librement au milieu des Barbares.
Poème publié et mis à jour le: 16 December 2022