Poèmes

L’Ogre

par Fernand Mazade

Un soir d’intempérance, il roula sous la table.
L’Ogresse découchait. Personne n’était là.
Il est mort. Le voici cuisinier chez le diable.
 
Tout en accomodant deux hommes sur le plat,
Il fait en ce moment rissoler à la broche
Trois filles d’Avignon, de Parme et d’Alcala.
 
Ses mets sont toujours prêts lorsque sonne la cloche.
Pas une heure, depuis un an qu’il est défunt,
Il n’aura mérité ni reçu de reproche.
 
Abondamment nourri, chauffé comme pas un,
Gilet blanc, blanc bonnet, à foison il respire
D’un tas d’humaine chair l’affriolant parfum.
 
Et de soupirs, pourtant, de sanglots il déchire
Parfois la majesté satanique de l’air.
Pauvre Ogre ! il n’a jamais d’enfants à mettre à cuire,
 
Les enfants (même vieux) n’allant pas en enfer

Extrait de: 
Intermède Fantasque, (1936)



Poème publié et mis à jour le: 16 December 2022

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