Poèmes

Le Satyre et le Passant

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

Au. fond d'un antre sauvage
Un
Satyre et ses enfants
Alloient manger leur potage.
Et prendre l'écuelle aux dents.

On les eût vus sur la mousse,
Lui, sa femme, et maint petit :
Ils n'avoient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit.

Pour se sauver de la pluie,
Entre un
Passant morfondu.
Au brouet on le convie :
Il n'étoit pas attendu.

Son hôte n'eut pas la peine
De le semondre deux fois.
D'abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts.

Puis sur le mets qu'on lui donne,

Délicat, il souffle aussi-

Le
Satyre s'en étonne :

«
Notre hôte, à quoi bon ceci?


L'un refroidit mon potage;
L'autre réchauffe ma main.


Vous pouvez, dit le
Sauvage,
Reprendre votre chemin. -

Ne plaise aux
Dieux que je couche
Avec vous sous même toit!
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid! »



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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