Les
Levantins en leur légende
Disent qu'un certain
Rat, las des soins d'ici-bas.
Dans un fromage de
Hollande
Se retira loin du tracas.
La solitude étoit profonde,
S'étendant partout à la ronde.
Notre ermite nouveau subsistoit là dedans.
Il fit tant, de pieds et de dents,
Qu'en peu de jours il eut au fond de l'ermitage
Le vivre et le couvert : que faut-il davantage?
Il devint gros et gras :
Dieu prodigue ses biens
A ceux qui font vœu d'être siens.
Un jour, au dévot personnage
Des députés du peuple rat
S'en vinrent demander quelque aumône légère :
Ils alloient en terre étrangère
Chercher quelque secours contre le peuple chat;
Ratopolis étoit bloquée :
On les avoit contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent
De la république attaquée.
Ils dernandoient fort peu, certains que le secours
Seroit prêt dans quatre ou cinq jours.
«
Mes amis, dit le
Solitaire,
Les choses d'ici-bas ne me regardent plus;
En quoi peut un pauvre reclus
Vous assister? que peut-il faire
Que de prier le
Ciel qu'il vous aide en ceci?
J'espère qu'il aura de vous quelque souci. »
Ayant parlé de cette sorte.
Le nouveau saint ferma sa porte.
Qui désignai-je, à votre avis.
Par ce
Rat si peu secourable?
Un moine?
Non, mais un dervis :
Je suppose qu'un moine est toujours charitable.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012