Poèmes

Le Principe de Parcimonie

par Jean-Jacques Viton

une journée suspendue dans le vent indique la didascalie suivent

les détails d'occupation d'espace les listes périphériques ce qui se remarque aux environs de la pensée choses à recenser que ma main droite délivrée de sa
dissipation exaspérante ne maîtrise qu'après 22 heures mutisme rafales mouettes rochers et ces traits violents ces rayons cette poussière accélérée tout ce
qui constitue un début de journée à cet endroit un peu avant novembre.

Une nuit passée à dévorer des yeux la draperie enveloppant les jambes croisées de la figure assise tournée de trois-quart agenouillée par la suite en profil perdu
assise de nouveau vue de profil gauche ou dans d'autres positions mal définies même lorsqu'il s'agit de la vacant chair

qui est une chaise faite de fleurs destinée aux funérailles.

Voici ce qu'on lit ensuite
La voiture est arrêtée devant un embarcadère dans une anse où se trouve un bar.
Tables et bancs à l'extérieur.

Ce tableau plus stable se compose de rouleaux de mer de pierrailles de treuils de câbles de barques affalées de cabanons moisis aux volets clos et puisqu'il s'agit d'une eau
agitée entendre le fracas des vagues jaunes dans la baie des singes.

Nos opinions ont différé sur

la nature des rafales

qui cassaient les lignes de fuite.

Elle disait le contraire et mit une cassette

des
Mélodies de
Stanislaw
Moniusko

ce qui facilita notre connivence

à propos des combinaisons de la lumière

et de la voix.

Maintenant je me rappelle un silence blanc comme le savon.
J'étais allongé et fixais l'amalgame mouvant des nuages.
En essayant de ne pas fuir je me disais « la banquise se referme sur moi »

Tout cela est passé.

Tu viens d'appuyer ton visage non fardé contre le bois de la table et je me disais « bien qu'aveugle je la vois noire » en feignant de compter les excursionnistes.

La joue droite contre le bois tiédi tu regardais la peinture décollée imaginais des oiseaux en fragments au-dessus de ta tête et l'arrivée d'un petit voilier.

Immobiles nous donnions l'impression de trottiner l'un derrière l'autre comme le font les insectes stupides l'été sur les bords d'une assiette d'abricots.
Nous hésitions à parler.
Le principe de parcimonie s'installait entre nous.

J'ai appris que les gènes aussi ont un sexe

que certains fruits échappent à la gravité

que l'empreinte est un mécanisme

et que pour modifier la hauteur du ton

il faut mettre la main dans le pavillon du cor

sans être obligé de verser dans ses oreilles

l'huile de poisson blanc comme
Rothenberg

le conseille afin d'anéantir

les démons sonores.

Chaque saut demande beaucoup d'apprentissage.
Le papillon ne vole pas vers la lumière

parce qu'il est curieux mais parce qu'un tropisme l'attire

Avancer aux côtés de l'absence est contraignant « on pensait que vous attendiez quelqu'un » pourrait-on ajouter en me saluant.
Rattraper les mots lâchés est difficile aussi mais toutes les tentatives ne sont pas des échecs.

Les lieux d'investigation n'étant pas nombreux il s'agit de ne pas se tromper.

La meilleure manière est d'imiter les archéologues

ceux dont le visage lointain déclare

« on a scruté son genou et conclu qu'elle marchait »



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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