Je ne décrirai pas le premier
Que m'importe
La carrure d'adolescent ou la couleur du cheveu
Son cœur c'est simplement un battement de porte
Il accompagne de ses mains ce qu'il dit ou veut
Dire
Il abandonne ce qu'il pense sur les meubles comme
Une cigarette inachevée une épaulo non l'autre levée
Ce jeune homme
Comment l'appelez-vous donc
Un poète c'est un poète à quoi voyez-vous que c'est un poète
En quoi vraiment est-ce un poète
A partir d'où peut-on se dire poète
A partir de quand
A quoi reconnaît-on qu'un garçon comme un autre un beau jour
Est un poète
La veille il ne l'était pas encore et voilà
Poète
Étrange appellation non contrôlée il n'y a pas
De procès à qui sans droit en abuse
Comme un représentant de commerce à bout d'expédients donnant pour du
Champagne de l'asti
Ni à ce qu'il dit de procès ni à
Comme il le dit et cet air de porter à la boutonnière
La blancheur d'un gardénia
Qui ne fait rime ici que par le plus grand des hasards
Un écho
Tombé du panier dans l'ornière où le voilà dernier ex-tequo
L'âno
C'est un poète vous voyez bien que c'est un poète
D'une poésie absolument animale
Un jeune chien de poète
Pourquoi diable a-t-il voulu ce garçon plutôt qu'
Employé des contributions indirectes
Être poète il n'en sait rien
Être ou paraître
Voulait-il qu'on le remarquât voulait-il comme on met à sa fenêtre
Des capucines
Voulait-il donc trancher sur les maisons voisines
Ou plaire à je ne sais quelle pâle cousine
Plaire ou déplaire on plaît beaucoup en déplaisant
Il ne s'agit pas de plaire mais de briller
Il y a des lumières qui blessent
Mais ce sont tout de même des lumières mon ami tout do même des lumières
Un poète c'est peut-être d'abord une gesticulation
Ensuite ensuite on verra ce qu'il en reste Être poète se décider d'être poète engage un homme
Comme d'avoir vu son ombre un soir et de ne plus pouvoir
Foublier
Immense avec ses manches sur les murs
Il ne s'agit pas de plaire mais de trancher sur le fond de
la vie
D'être différent différemment se profiler.
Car il est à peu près insupportable de penser
Qu'on n'échappera point à ce petit logement machinal
comme la mort
Où tu reviens prendre tes repas et dormir
Avec des cadres aux parois qui représentent un effort de
dignité la preuve
Qu'il y a très longtemps on avait rêvé de quelque
chose
À mon tour à mon tour j'aurai cet espace loué
Un bail et peut-être le téléphone
Alphabétiquement dans un livre mon nom comme une bouée
Je suis assis avec la première lettre de mon baptême
Au milieu de mes homonymes
Encore faudrait-il savoir si je suis
Georges
Gaston
Guy
Gérard
Puisque c'est après tout ce qu'il m'est laissé de fantaisie
Et voDà que ce jeune homme s'est rais à dire des paroles
Qu'on entend mal et qu'il semble avoir arrangées à son goût
Comme les tableaux des cloisons jadis son père et j'ai toujours
Le bruit du marteau sur le clou tintant dans mes oreilles
Poète te voilà poète mon ami
Cela vaut bien le blouson noir et bleu réversible
Que tu jalousas si longtemps pour sa fermeture éclair
Tu sais par cœur des mots patiemment que tu as mis
L'un près de l'autre où l'autre près de l'un paraît baroque
Jamais personne ainsi n'a fait se rencontrer les mots ensemble
Il y aura des gens qui te reconnaîtront à ces accouplements sonores
Et peut-être quelqu'un va-t-il maladroitement les imiter
Lève-toi ferme les yeux mets de côté ta tête
Et plie en arrière en parlant ton jeune et maladroit poignet
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012