Poèmes

Le Crime de Basse-Yutz

par Jacques Réda

Entrons maintenant dans la nuit première de l'assassin.
Il dort d'un sommeil innocent sur la planche inclinée,
Et ce trou demeuré dans la forêt n'a pas creusé son rêve :
Hier est encore pareil au cadavre enfoui
Sous une poignée enfantine de mousse.
Il fait nuit pour les toits serrés de la prison,
Pour la tête du père qui a pris un barbiturique.
Sa tâche cependant la terre l'exécute
Et dans une heure un ciel étroit luira comme la bêche
Qui déterre et dont le tranchant déjà cherche la gorge.
Oui, le temps pousse le malheur et traîne la justice ;
Un ange impartial au matin ouvre les yeux du tigre et de

la biche,
Un autre les referme à l'instant du supplice.
Et rien
Dans l'intervalle que ce peu de linge déchiré
Sur la face horrible d'amour qui pleure dans les bois.
Qui pourra jamais consoler cette épouvante ?
Et qui déchirera la solitude sanglante du tigre ?
Soleil, soleil, arrête-toi.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top