Poèmes

Le Coq et le Renard

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

Sur la branche d'un arbre étoit en sentinelle

Un vieux
Coq adroit et matois. «
Frère, dit un
Renard, adoucissant sa voix,

Nous ne sommes plus en querelle.

Paix générale cette fois.
Je viens te l'annoncer; descends, que je t'embrasse.

Ne me retarde point, de grâce;
Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer.

Les tiens et toi pouvez vaquer.
Sans nulle crainte, à vos affaires;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant viens recevoir
Le baiser d'amour fraternelle.


Ami, reprit le
Coq, je ne pouvois jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle

Que celle
De cette paix;
Et ce m'est une double joie
De la tenir de toi.
Je vois deux
Lévrier's,
Qui, je m'assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie ;
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.


Adieu, dit le
Renard, ma traite est longue à faire
Nous nous réjouirons du succès de l'affaire

Une autre fois. »
Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux
Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur;
Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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