Sur la branche d'un arbre étoit en sentinelle
Un vieux
Coq adroit et matois. «
Frère, dit un
Renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle.
Paix générale cette fois.
Je viens te l'annoncer; descends, que je t'embrasse.
Ne me retarde point, de grâce;
Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer.
Sans nulle crainte, à vos affaires;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant viens recevoir
Le baiser d'amour fraternelle.
—
Ami, reprit le
Coq, je ne pouvois jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix;
Et ce m'est une double joie
De la tenir de toi.
Je vois deux
Lévrier's,
Qui, je m'assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie ;
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.
—
Adieu, dit le
Renard, ma traite est longue à faire
Nous nous réjouirons du succès de l'affaire
Une autre fois. »
Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux
Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur;
Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012