Poèmes

L'Auto de L'Avenue de L'Opéra

par Henri Michaux

Henri Michaux

C'est une erreur de croire, si vous habitez avenue de l'Opéra, qu'il y passe quantité d'autos, erreur que vous ne commettez du reste pas.
C'est toujours la même auto qui passe, la même qui débraye, qui accélère, qui klaxonne, qui passe en seconde, qui stoppe net, qui débouche de la rue d'Antin, qui
revient par la rue
Ventadour.
C'est à cause d'elle que nous tous, en ville sombrons dans la neurasthénie.
Elle est incertaine, pas encore passée, elle est déjà revenue, elle freine dans une rue latérale, elle repart ici à toute vitesse et déjà elle est la «
suivante », qui cherche le même dédale.
Jamais satisfaite, toujours précipitée.
Impérieuse et monotone, cette vieille fille nous manquait vraiment.

Louis
XIV aimait, là où il venait, faire savoir avec éclat qu'il y était.
Mais jamais il n'eut vent d'un pareil engin à faire du bruit.
La recette manquait.
En son temps, le plus snob (et
Dieu sait s'il y en avait!) n'aurait pu lui proposer une auto.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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