Certain
Enfant qui sentoit son collège.
Doublement sot et doublement fripon
Par le jeune âge et par le privilège
Qu'ont les pédants de gâter la raison,
Chez un voisin déroboit, ce dit-on,
Et fleurs et fruits.
Ce voisin, en automne,
Des plus beaux dons que nous offre
Pomone
Avoit la fleur, les autres le rebut.
Chaque saison apportoit son tribut;
Car au printemps il jouissoit encore
Des plus beaux dons que nous présente
Flore.
Un jour, dans son jardin il vit notre Écolier
Qui, grimpant, sans égard, sur un arbre fruitier,
Gàtoit jusqu'aux boutons, douce et frêle espérance.
Avant-coureurs des biens que promet l'abondance :
Même il ébranchoit l'arbre; et fit tant, à la fin,
Que le possesseur du jardin
Envoya faire plainte au maître de la classe.
Celui-ci vint suivi d'un cortège d'enfants :
Voilà le verger plein de gens
Pires que le premier.
Le
Pédant, de sa grâce,
Accrut le mal en amenant
Cette jeunesse mal instruite :
Le tout, à ce qu'il dit, pour faire un châtiment
Qui pût servir d'exemple, et dont toute sa suite
Se souvînt à jamais, comme d'une leçon.
Là-dessus, il cita
Virgile et
Cicéron,
Avec force traits de science.
Son discours dura tant que la maudite engeance
Eut le temps de gâter en cent lieux le jardin.
Je hais les pièces d'éloquence
Hors de leur place, et qui n'ont point de fin;
Et ne sais bête au monde pire
Que l'Écolier, si ce n'est le
Pédant.
Le meilleur de ces deux pour voisin, à vrai dire,
Ne me plairoit aucunement.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012