O! combien le péril enrichirait les
Dieux,
Si nous nous souvenions des vœux qu'il nous fait faire!
Mais, le péril passé, l'on ne se souvient guère
De ce qu'on a promis aux
Cieux;
On compte seulement ce qu'on doit à la terre. «
Jupiter, dit l'impie, est un bon créancier;
Il ne se sert jamais d'huissier.
—
Eh! qu'est-ce donc que le tonnerre?
Comment appelez-vous ces avertissements? »
Un
Passager, pendant l'orage,
Avoit voué cent bœufs au vainqueur des
Titans.
Il n'en avoit pas un : vouer cent éléphants
N'auroit pas coûté davantage.
Il brûla quelques os quand il fut au rivage :
Au nez de
Jupiter la fumée en monta. «
Sire
Jupin, dit-il, prends mon vœu; le voilà :
C'est un parfum de bœuf que ta grandeur respire.
La fumée est ta part : je ne te dois plus rien. »
Jupiter fit semblant de rire;
Mais, après quelques jours, le
Dieu l'attrapa bien,
Envoyant un songe lui dire
Qu'un tel trésor étoit en tel lieu.
L'homme au vœu
Courut au trésor comme au feu.
Il trouva des voleurs; et, n'ayant dans sa bourse
Qu'un écu pour toute ressource.
Il leur promit cent talents d'or,
Bien comptés, et d'un tel trésor :
On l'avoir enterré dedans telle bourgade.
L'endroit parut suspect aux voleurs, de façon
Qu'à notre prometteur l'un dit : «
Mon camarade,
Tu te moques de nous; meurs, et va chez
Pluton
Porter tes cent talents en don. »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012