Jodelle, mes sonnets ne sont que simple prose,
Que l'amour accourcit selon son bon advis,
Et moy, comme le feu qui esmeut mes esprits
S'allume ou s'attiédit, le rythme j'en compose.
Cil qui feignant l'amour, en son esprit dispose
De montrer par ses vers ce qu'il a bien appris,
Affin de s'acquérir du verd laurier le pris,
Remasche les secrets de la
Métamorphose :
Mais moy que l'Amour tient dès long temps prisonnier,
Captif comme un forçaire au joug de mon collier,
Je n'escry la grandeur, mais le mal qui me blesse :
Et je n'estime pas un homme estre amoureux
Qui farde affecteement ses beaux vers orgueilleux
En tant qu'il ne le peult pensant à sa
Maistresse.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012