Les jardins ont perdu leurs robes éburnales,
Éden trois fois béni d’où nous fûmes chassés,
pourpre sainte attestant la blancheur des annales,
ces roses de la Nuit chantent les trépassés ;
Â
les trépassés là -bas qui dorment dans leur bière
sous l’obscène pâleur du seul magnolia ;
reviendras-tu sécher les pleurs de nos paupières,
Toi, l’immortel Amour que la Mort oublia ?
Â
De l’immortel Amour à la Mort immortelle,
supplice qu’Il rêva sous la Nuit du recueil
à quitter le séjour au jour nous dira-t-elle
ce beau lac d’hydrargyre où vogue le cercueil ?
Â
Car le ciel est livide au Lac-des-Libellules
et dans les noirs couvents où dorment les vieux ifs,
les Vierges à genoux dans le froid des cellules
mouillent les crucifix de longs baisers lascifs...
Â
Les jardins ont perdu leurs robes éburnales,
Éden trois fois béni d’où nous fûmes chassés !
Pourpre sainte attestant la blancheur des annales,
Les roses de la Nuit chantent les trépassés.
Poème publié et mis à jour le: 22 November 2022