III
en Irlande aussi
il est des lieux où nul oiseau ne chante
où le passé envahit le présent
où les siècles frémissent dans une feuille
où les errants croisent les errants
où une âme divisée et confinée ne cesse
d’exercer notre oreille à entendre
ce concert de tristesse qui monte
de derrière tous les murs barbelés
VIII
sauvez un être c’est un monde que vous sauvez certes
mais tuez-en un et
en toute chose quelque chose disparaît
c’est pourquoi nous qui avons perdu
les provinces de l’espoir
qui avons eu notre holocauste en
l’an de disgrâce 1847
tous ces siècles d’exil
dans notre propre pays
ces massacres trop nombreux à rappeler
nous avons dans le sang une tristesse
une démarche une manière un accent
une sorte de rythme amer une ombre blessée
nous portons comme vous
notre humour en bandoulière
avec le sentiment d’avoir tous perdu
une part de ce que nous aurions dû être
Poème publié et mis à jour le: 04 December 2022