Or, en aujourd'hui et mes heures,
Marie du temps quotidien
Pour le travail et pour le pain
Des vies qui rient, des vies qui pleurent,
Je vous salue,
Marie-aux-heures ;
Et vous salue,
Marie-au-peuple,
Mon peuple bon de chrétienté,
Et si patient d'équité
Depuis des temps d'éternité,
Et vous salue,
Marie, mon peuple.
Or les villes,
Marie-aux-cloches,
Mes villes d'hiver et d'été
Et de tout près, et d'à côté,
Mes villes de bois ou de roche
Bien vous saluent,
Marie-aux-cloches ;
Et vous saluent,
Marie-aux-îles,
Que font les bons chez les mauvais,
Les cœurs naïfs et les muets
Aux heures longues de ces villes
Qui vous saluent,
Marie-aux-îles,
Et puis aussi,
Marie-du-temps,
Ceux du présent, et les absents
Aux joies du rire ou dans la peine ;
Et puis aussi,
Marie-du-temps,
Moi dans la vie comme à la traîne.
Et voici bien des carillons
Dans ma ville pour cette chose :
L'heure qui sonne haute et rose,
Et voit la mer à l'horizon
Où les hommes sont à l'ouvrage
Et les campagnes occupées
De quelques arbres attroupés
Dans deux ou trois petits villages.
Et voici,
Marie l'admirable,
Cette heure en pleurs trop par ma faute, —
Et chez moi dans la chambre haute
D'où l'on voit la mer ineffable —
S'étourdir elle, et très enfant,
Dans mes rêves d'enluminures
A mettre le doigt où figure
Mal et mien un blanc vaisseau lent ;
Or voici tous les carillons
De ma ville vers cette chose
Proclamée dans l'air haut et rose
On voit la mer à l'horizon.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012