Corneille rime en subjonctif et c’est très bien !
Henri Mazel (Propos de table).
Sur la scène, à Julie,
fillette assez jolie,
Sabine avec un pleur
dit : « Ah ! Malheur !
Ah ! guigne ! ah ! sort contraire !
mon époux et mon frère
vont se battre en duel,
c’est bien cruel !
Horace et Curiace !
ils ont mis leur cuirasse
dès lors (comprenez-vous ?)
si mon époux
succombe, je suis veuve
(la remarque est peu neuve
mais juste, Dieu merci !)
d’autre part, si
Curiace succombe
s’il descend dans la tombe
me voilà... mais pardon
dites-moi donc
s’il vous plaît, comme on nomme
la sœur d’un bon jeune homme
par un arrêt du sort
devenu mort ? »
Survient le vieil Horace
qui (poète de race)
fait rimer secourût
Et « qu’il mourût »
(rime vraiment soëve !
admirez, jeune élève,
ce coup de subjonctif
itératif !)
Et puis voici Camille !
(Seigneur, quelle famille !)
qui se met en fureur,
y a pas d’erreur !
Elle commence à braire,
asticote son frère
et le frère en douceur
occit la sœur !
Que de sœurs ! que de frères !
peu d’œuvres littéraires
nous en font voir autant
ce nonobstant !
la pièce est fort tragique
bien qu’assez peu logique...
d’ailleurs moi, je m’en fous !
lecteur, et vous ?
Poème publié et mis à jour le: 22 November 2022