Poèmes

Germaine Tourangelle

par Paul Fort

Paul Fort

Cette gerbe est pour vous Manon des jours heureux,

Pour vous cette autre, eh ! oui, Jeanne des soirs troublants.

Plus souple vers l'azur et déchiré des Sylphes,

Voilà tout un bouquet de roses pour Thérèse.

Où donc est-il son fin petit nez qui renifle ?

Au paradis ? eh ! non, cendre au Père-Lachaise.

Plus haut, cet arbre d'eau qui rechute pleureur,

En saule d'Orphélie, est pour vous, Amélie.

Et pour vous ma douceur, ma douleur, ma folie !

Germaine Tourangelle, ô vous la plus jolie.

Le fluide arc-en-ciel s'égrenant sur mon coeur.

A Mireille dit " Petit Verglas "

Ne tremblez pas, mais je dois le dire elle fut assassinée au couteau par un fichu mauvais garçon, dans sa chambre, là-bas derrière le Panthéon, rue Descartes, où
mourut Paul Verlaine.

O ! oui, je l'ai bien aimée ma petite " Petit Verglas " à moi si bonne et si douce et si triste. Pourquoi sa tristesse ? Je ne l'avais pas deviné, je ne pouvais pas le
deviner.

Non, je l'ai su après tu me l'avais caché que ton père était mort sur l'échafaud, Petit Verglas ! J'aurais bien dû le comprendre à tes sourires.

J'aurais dû le deviner à tes petits yeux, battus de sang, à ton bleu regard indéfinissable, papillotant et plein de retenue.

Et moi qui avais toujours l'air de te dire " Mademoiselle, voulez-vous partager ma statue ? " Ah ! J'aurais dû comprendre à tes sourires, tes yeux bleus battus et plein de
retenue.

Et je t'appelais comme ça, le Petit Verglas, que c'est bête un poète ! O petite chair transie ! Moi, je l'ai su après que ton père était mort ainsi...
Pardonne-moi, Petit Verglas. Volez, les anges !



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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