Poèmes

Épilogue

par Rene Depestre

René Depestre

-
Né coiffé, ton garçon est né coiffé,
Diani !

et les dix orteils en avant comme pour mourir !

on planta sous un bananier

le placenta de sa venue au monde :

il porte ainsi un tempérament de maître-coq

avec de la croûte et de la mie de pain

autour de ses éperons attendris du soir.

Il eut à mener au fouet et au feu

le manioc en colère de ses jours

le voici qui passe le mors du sage

au poulain le plus emballé de ses rêves.

A son temps d'arbre à régimes de fruits

il laisse tout le temps qu'il faut

pour se changer en un parler de papa-fleuve :

un papa-fleuve c'est long à raconter

quand toute la souffrance de la mer

reste complice de ses vieux os de fleuve.

Il se tient debout au plus haut de la crue

où un cœur inconsolé d'animal marin

alimente son dernier galop de sève.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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