En ce temps-là
Quand la mélancolie venait en moi
Avec l'odeur terreuse de la pluie
Où j'avais mis mon âme intrépide à l'abri
de toute distraction
Quand la pluie avait lavé toute pensée inutile
Même la mélancolie
Et la tristesse était devenue aussi rare
Que le chant du tétras-lyre 0 chant dont me souvenir avec ses tristes notes
Comme une toux de vieillard dans l'air mouillé du
sombre printemps
Quand il n'y avait plus de curiosité en moi
que celle de
Dieu
Aucune autre voix dans ma tête
que la voix des anges de
Dieu
Aucun appel dans mon cœur charnel
Que celui du
Seigneur rayonnant
entre les vieux fous de l'hospice
Quand le vent chargé du souvenir des corolles
Toujours l'odeur de la pluie
Si douce que celle des cuisses de la muse dans la nuit ombreuse
La lune vagabonde aux cimes des monts
Les seins de la muse dans la source du glacier
Alors je te louais,
Yorick, de m'avoir fait sage
Et respectueux de mon devoir de poète
Je t'aimais de m'avoir donné la ruine en partage
Et le chant voluptueux de ces décombres
Pour faire mieux mon travail parmi ces ombres
À ton exemple associant le rire et son contraire
Au fil des heures mêlant mes règnes
Le goût plus fort de la journée et le miel des morts
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012