Poèmes

Egaré

par Benjamin Péret

Benjamin Péret

Qu’une mésange turquoise batte de l’aile dans la crème
et les pousses de la vigne s’envoleront comme des fausses
barbes
chassées par des pavés égarés dans des lunettes
qui ne sont pas les miennes
pas plus que la blancheur d’un bras ne noircit une chevelure
tombant sur des yeux si clairs
qu’on y voit
gelées comme un os tombé du ciel
de longues plantes molles et fragiles comme un torrent de
larmes
bataviques brisées
une à une
comme une automobile de luxe qui a heurté un âne
braillant comme un tonneau de mica
comme une asperge qui sort de terre
et demande s’il est l’heure de dormir
L’heure de dormir est passée
asperge
comme passent les œufs dans les tirs forains
comme je passe en crachant sur la légion d’honneur
que je rêve d’agrandir jusqu’aux omoplates
afin d’y loger un rat
affamé comme une mitrailleuse tirant sur les flics
L’heure de dormir est passée comme une mésange turquoise
qui se cache dans une armoire
sans arriver à faire croire qu’elle est pleine de linge
Pour dormir et s’éveiller comme une rivière qui saute à pieds
joints
dans le tutu de sa chute
il faudrait que la mésange turquoise
sorte de son armoire comme un arc-en-ciel sur un canapé
et me crie
Coucou me voilà



Poème publié et mis à jour le: 16 September 2022

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top