Poèmes

Du Silence

par Eugène Guillevic

Eugène Guillevic

Je fore,
Je creuse.

Je fore

Dans le silence

Ou plutôt
Dans du silence,

Celui qu'en moi
Je fais.

Et je fore, je creuse
Vers plus de silence,

Vers le grand,

Le total silence en ma vie

Oii le monde, je l'espère,

Me révélera quelque chose de lui.

Je veux entrer
Mais je ne sais
Ni où ni dans quoi.

Il semblerait que ce soit là
Où je me confondrais

Avec la source de ce

Dont j'ai toujours eu besoin.

Mon royaume
C'est du silence

Où je ne règne pas,
Je ne régente pas.

Je le laisse me posséder.

Je l'aide en cela

Par tout ce qui me crée.

Je me baigne en lui
Comme si je le touchais
Par quelque chose en moi

Dont je ne connais
Que l'existence

Et ce que de l'immensité
Il assigne à mon désir.

C'est le silence

Qui m'apporte, qui me donne

Le souffle du monde.

Il me permet

De me connaître en lui

À l'écoute

De mon être

Tel que je le pressens.

Il m'ouvre une porte
Sur un espace de calme

Où s'éclaire la présence
Indispensable.

Dans mon royaume

Je sens soudain passer par moi

Le constant croisement
De l'espace et du temps.

Mon royaume de silence
A la forme d'une sphère.

Je n'y suis pas au centre
Mais quelque part en haut.

Là où je me tiens

Tout me revient, tout m'arrive.

J'ausculte

Un présent sans frontière.

Je me vis au plein

De la sphère de silence

Que je parviens

Même parfois dans les bruits,

À créer autour de moi
Tellement mon être

Sait donner de lui-même
Pour créer le royaume

Où je communie

Avec la teneur de ce silence.

Avec sa sève

Qui est aussi la mienne.

Est-ce que l'océan
Dans ses profondeurs

Possède autant de silence
Que j'en ai en moi ?

Sinon, est-ce

Pour se libérer de son bruit

Qu'il vient sur nos côtes
Faire tout ce tapage

Ravager ce qu'il peut
Pour enfin s'affaler

Comme sur un lit
Fait de douceur ?

Dans mon royaume,

Pas d'arbres, pas de maisons,

Que le silence

Et ce qu'il m'encourage

À lui apporter par ma présence,
Mon désir.

Nous restons ainsi
A jouir l'un de l'autre

Comme font le ciel
Et sa charge d'azur.

Dans mon royaume

Une rivière

Coule très lentement

Elle ne fait aucun bruit,
Se promet à l'éternité.



Poème publié et mis à jour le: 13 March 2014

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