Il veut bien séparer le bon grain de l’ivraie
Afin que sa pensée soit un brin délivrée
D’une faine poussée au cœur d’une rouvraie
A un gland imposé à l’ultime livrée.
Il veut bien séparer l’épine de la rose
Afin que ses vers ne se piquent pas de prose
Et puisque lui déplaît le noir de la nécrose
Il faut qu’un peu avant le divorce, il arrose
Il veut bien séparer l’homme de la femelle
Afin que l’un puisse téter à la mamelle
Comme un haut chameau sous les pis d’une chamelle
Ou un jumeau tâtant le sein de sa jumelle
Il veut bien séparer l’esprit de la matière
Afin que sa pensée soit sa raison entière
Mais s’il vient à voler l’or d’une bijoutière
Qu’il abolisse alors la porte et la frontière
Derrière lesquelles la fournaise étouffante
Capable de passer à travers une fente
Racornit l’esprit dans sa flamme triomphante
En donnant du prix à la matière-éléphante
La séparation est toujours douloureuse
En rendant par hasard une part savoureuse
Dépitée de quitter sa moitié langoureuse
Obligatoirement d’elle au moins amoureuse.
Poème publié et mis à jour le: 10 février 2018