Poèmes

Damoclès

par Michel Leiris

I

Fin comme l'ambre

dur comme le marbre

et souple comme une lame

Qu'importent l'amour les jeux les oriflammes

L'homme à la lueur d'épée se tient debout

sur le tréteau du cœur

et glace les sourires de femmes

II

Fil des nuages fil de ma chance

Sage comme une image dans la cage du soleil

l'horloge sonne

En rang par quatre s'il est quatre heures

par six s'il est six heures

chacun a ses petits fantômes qui s'en vont à l'école

III

La nuit tombe

Les hommes se couchent

Ils collent leur bouche à la bouche des morts

dont le souffle imperceptible s'endort au creux des pailles

dans la litière jeune des bâtes

IV

L'astre me tend son épée diamantée

Je la saisis
Mais ma main se déchire

Nature double je suis pris

entre la nature de mes rêves

— papier peint aux murs délabrés de ma tête —

et la nature tout court

COROLLAIRE

je ne suis nulle part

V

Douze verres de vin pour les coups de midi

douze douzaines d'huîtres pour minuit

Qu'on en donne douze à la douzaine ou treize à la

douzaine ne cherchez pas midi à quatorze heures c'est toujours douze balles dans la peau de l'heure



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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