parlant en forme de rondeau :
Trop hardiment entreprends et méfais,
O toi tant jeune.
Oses-tu bien tes faits
Si mal bâtis présenter devant celle
Qui de savoir toutes autres précclle?
Mal peut aller, qui charge trop grand faix.
Tous tes labeurs ne sont que contrefaits
Auprès de ceux des orateurs parfaits
Qui craignent bien de s'adresser à elle
Trop hardiment.
Si ton sens faible avisait les forfaits
Aisés à faire en tes simples effets,
Tu dirais bien que petite nacelle
Trop plus souvent que la grande chancelle.
Et pour autant, regarde que tu fais
Trop hardiment.
Ces mots finis, demeure mon semblant
Triste, transi, tout terni, tout tremblant,
Sombre, songeant, sans sûre soutenance,
Dur d'esperit, dénué d'espérance,
Mélancolie, morne, marri, musant,
Pâle, perplex, peureux, pensif, pesant,
Faible, failli, foulé, fâché, forclus,
Confus, courcé.
Croire
Crainte conclus,
Bien connaissant que vérité disait
De celle-là que tant elle prisait.
Dont je perds cœur, et audace me laisse.
Crainte me tient,
Doute me mène en laisse :
Plus dur devient le mien esprit qu'enclume.
Si ruai jus encre, papier et plume,
Voire, et de fait proposais de non tistre
Jamais pour vous rondeau, lai ou épistre,
Si n'eût été que sur cette entreprise
Vint arriver (à tout sa barbe grise)
Un bon vieillard, portant chère joyeuse,
Confortatif, de parole amoureuse,
Bien ressemblant homme de grand renom,
Et s'appelait
Bon
Espoir par son nom :
Lequel, voyant cette femme tremblante,
Autre que humaine (à la voir) ressemblante,
Vouloir ainsi mon malheur pourchasser,
Fort rudement s'efforce à la chasser,
En me incitant d'avoir hardi courage
De besogner, et faire à ce coup rage.
Puis folle
Crainte, amie de
Souci
Irrita fort, en s'écriant ainsi.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012