Poèmes

Complainte

par Mohammed Dib

Soirs tendres de
Paris, que vous m'êtes amers ;
Pour l'exilé,
Paris obscur c'est un enfer.
Quand le ciel gris et rose au-dessus de la
Seine
Se repose en tremblant tout son cœur crie et saigne.

Quel étranger ici ne se sent pas chez lui ?
Mais ça vous prend ainsi dès que tombe la nuit.
Sa place, on ne l'a pas dans cette ville immense,
Croit-on ; c'est le mauvais rêve qui recommence.

Je n'y peux rien, cette heure aiguise ma folie ; -
Et comme un déporté qui maudit son châlit,
Paris, tout
Paris qu'il est, je le voue au diable ;
Bonnes gens, pardonnez ma peine irrémédiable.

Marche encore pendant que le jour se meurt...
Rue
Bonaparte puis quai
Malaquais, et les grues
D'un chantier,
Pont-des-Arts, dressent d'inquiètes ombres,
Et le
Louvre après dort d'un sommeil lourd et sombre.

Ils vont, les peupliers, narrant en frémissant
Tout bas on ne sait quel apologue au passant,
L'homme est mis à l'encan, grand-pitié de notre âge.
Les peupliers noirs vont, des voix plein le feuillage...

Place de la
Concorde, oubli soudain de soi.
La scène est vide mais la lumière de soie, À la fois rêve ardent et pensée essentielle,
Refait la paix en moi sous le chant nu du ciel.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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