J'entendis des paroles dans le noir.
Elles avaient la gravité des situations périlleuses au cœur de la nuit entre personnages d'importance.
Elles disaient, ces paroles, dans l'ombre obscure.
Elles disaient avec confusion.
Elles disaient toutes : «
Malheur!
Malheur! » et ne cessaient pas, criant toujours : a
Malheur!
Malheur! »
Je vis un homme dans un ht, et la maladie lui parlait :
«
Malheureux, disait-elle, ne sais-tu pas que « tes reins, ennemis sûrs, se corrompant, te « mettent, à partir de maintenant, ta mort « au ht avec toi.
Tu sauras plus tard mon « nom, mais le bec de l'oiseau urinaire en toi « commence à piquer et tu paieras cher le « petit peu que tu as eu... »
Puis j'entendis une voix plus forte qui dit :
«
Va, ne t'àttarde pas, ici n'est qu'un « homme.
Ailleurs ils sont des milliers et des « milliers de fois des milliers et plus encore il « y en a et tous en grand danger.
«
Ne sois plus distrait et regarde.
Après « tout, tu dois vivre là-dedans ta petite vie. »
Alors éclata une voix comme on n'en connaissait pas et les fleurs delà vie se mirent à puer, et le soleil n'était plus qu'un souvenir, un vieux paillasson mis derrière
une porte qu'on ne franchira plus, et les hommes, perdant la foi, se taisaient, se taisaient d'un silence qui vous prend le souffle, comme il arrive en été, le soir à la
campagne, quand les derniers oiseaux, et puis les derniers insectes du jour étant rentrés, et ceux de la nuit pas encore venus, il se produit soudain un silence tombal.
Dès ce moment, la mort, ses fauchées furent grandes.
Des trous énormes se formaient d'un coup comme des collines retournées.
Les maisons, comme perdant poids, étaient soufflées.
Et leurs habitants, qu'en dire?...
Pour eux la plaie d'être homme se fermait.
En vain on grattait à la porte de demain et le présent hurlait.
Il fit froid, cette année.
Des kilomètres de gueules sportives, échelonnées sur la neige du continent, ne savaient quelle expression prendre.
La bise de l'hiver trop dure pour leur métabolisme basai soufflait souverainement.
La force était partout, mais la détresse vissée dedans.
Les eaux étaient atteintes, les airs étaient atteints.
Les thons effrayés désertaient leurs mers coutumières et les aigles se faisant petits s'enfuyaient à tire-d'aile.
Le métal n'avait jamais été si dur, la poudre n'avait jamais été si forte.
Ensemble ils tombaient sur les foules, et les hommes stoppés par la mort s'affaissaient pour ne plus se relever en ce siècle.
Mais plus loin, tout continuait.
Les toupies tournaient ferme sous les fouets implacables.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012