Poèmes

Campagne

par Philippe Delaveau

Ici la foule des tournesols

Courbe vers l'orient ses têtes recueillies,

Serrées dans le drap jaune des cornettes, souriantes.

Le jour décroît, aussi la mansuétude est douce

Parmi les orges fraternelles, versant au coin du champ

L'obole de la veuve au moineau roux qui loge

Dans le lierre.
L'avoine est lasse de combattre

Et fléchit lentement, au gré des vents onctueux

Sa lance.
Les filles du blé, en agitant leurs nattes blondes

De l'azur se souviennent, mourant et renaissant, où le soleil

encore,
Qu'annoncent merles, passereaux, et la mésange
Qui sautille sur le sentier fragile, resplendira.
Forêts et sombres eaux du
Cher,
Où le ciel transparent laisse pressentir
Le secret que l'eau entortille dans l'ombre;
Peupliers inquiets, chênes vétustés, saules échevelés,
Hissez du haut de vos mâtures l'astre qui roule
Sur la pente du ciel jusqu'aux mers,
Qu'il réveille les villes laides, les fermes
Dont se désagrègent les blancs tuffeaux, la lente
Eternité des caves ouvertes sur le vide.
Et le secret s'allonge sur la cendre des rivières :
Vainement la nuit déserte engendrera l'oubli.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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