De la
Corne d'Or,
Cingria!
Sultan onirique au soleil!
Et dans le gouvernement de la
Sublime
Porte:
Ce ruissellement sur ta syntaxe
Miroir baroque à l'idéale tresse de mots secs
Cadeau de prince aux
Lettres fatiguées
Quand tu parcours les routes de
Lothaire
Avec tes airs d'été jaune dans le vieil hiver
Et la gracieuse liberté d'un défroqué de cour en cour
Ta voix ne grince le remords ni n'achoppe
aux cuistreries
Comme il est de si littéraire usage
Toi tu vas dans l'élémentaire inspiré
Tu ressembles à la châtaigne et au fromage de chèvre
sur l'assiette rincée à l'eau du torrent
Loin des graisses fades et des gâteries
de petite bouche
Ta part est de narrer et de célébrer dans la note brave
Soigneux pourtant d'y placer l'ornement
de rares baies
Adjectifs accolés ou tournures fraîches
d'un seul souffle
comme des neumes
Ou ces associations musclées de verbes
ces brusques haltes
Ces redéparts en côte sous les orties de la haie
Ainsi va le maître d'allure allègrement dosée
Cingria, chez toi la lune de l'angoisse
Brille peu au vent râpeux des hautes phrases
Ni leur passion volontaire ne s'inquiète
d'aucune tristesse
Chez toi la pluie arrive en étrangère
Et il n'y a pas de neige
Sauf dans les images soyeuses
Jamais la
Guerre actuelle ou la
Révolution
dans ton poème
Mais ton verbe au présent filtre un mystérieux miel
Nouveau toujours à ta faim
De figures ennoblies par ton
Histoire péremptoire
Et de musiques abbatiales devant
Dieu
Qu'est-ce que l'actuel, les heurts de l'heure
Dans la cellule de
Saint-Gall ou le sommeil de la
couleuvre ?
Et s'il m'arrive un moment d'oublier ta voix
Je la retrouve au fond de l'instant qui ne passe pas
s'il tombe en foudre À ton nom,
Corne d'Or et sable
Cingria parlant devant la nuit
Comme chante un pâtre sans âge sous le hêtre À ce bruit seul tout le discours revient et luit
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012