Non, il est vrai, je ne suis pas l'homme des réussites.
Pourquoi le serais-je?
Puisque de toute façon je réussis.
Le but que je n'atteins pas est le but qui me rapporte, que je rapporte.
Pourquoi irais-je à la tête d'armées nombreuses m'installer impudemment dans la capitale d'un pays étranger?
Pour une si petite insolence, je m'en voudrais de m'être donné tant de mal, d'avoir conquis en vingt ans des galons qu'on peut avoir pour cent francs et pour dix sous de
méditation inventive, d'avoir sacrifié des tas d'hommes réellement qui ne revivront plus (et qui ne s'y sont pas tous amusés, ni le chef lui-même).
A la vérité, j'aurais honte d'être à sa place, ou du moins d'en être content.
Même si je ne m'étais astreint que vingt minutes et non vingt ans à l'esclavage de la discipline.
S'être appuyé sur tant de règles, pour blesser de pauvres diables qu'on ne peut même plus ni achever proprement ni ressusciter dans leur santé première.
Non vraiment, je ne comprends pas ce gaspilleur malfaisant.
Heureusement, nous ne nous rencontrons jamais.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012