Poèmes

Xxxviii

par Abraham de Vermeil

Qu'inférez-vous ', menteurs, par vos beaux arguments,

Que toutes choses sont un seul être immobile ?
Vous n'avez fondement qui ne soit trop débile,
La nature le montre avec ses mouvements.

Et puisque le chaos reçoit les ornements

Qui donnent l'être heureux à sa masse infertile,

Ornements différents, quelle règle subtile

Peut établir le fond de vos enseignements ?

Mais dites-moi pourquoi ores feu, ores glace,
J'éprouve ores la paix et ores la menace,
Si tout est immobil comme ma loyauté?

Et si l'être n'est qu'un, que ne suis-je en ma belle,
Et ma rebelle en moi, en essence éternelle,
Toute unique en amour, toute unique en beauté ?



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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